Grand Lisboa Casino de MacaoLa lune de miel semble clairement finie entre les promoteurs de casinos de Macao et leurs employés. Depuis le début de cette année, les mouvements de contestation se succèdent en effet et témoignent de tensions résurgentes entre les croupiers et leurs mastodontes de patrons. Une situation révélatrice de la mauvaise santé de la nouvelle Mecque du jeu.

La contestation sociale touche Macao

Se disant lésés dans le partage des bénéfices immenses générés par l’activité des établissements de jeu dans lesquels ils officient, les croupiers de Macao semblent clairement décidés à obtenir des revenus plus conséquents que ceux qui leur sont octroyés jusqu’à présent. En effet, le lundi 25 août dernier, une scène jusque-là difficilement imaginable s’est déroulée dans les rues de la nouvelle capitale mondiale du jeu : les croupiers de plusieurs grands casinos y sont descendus pour manifester leur mécontentement. Leurs revendications : une augmentation de 10 % du montant de leurs salaires, une législation limitant le recrutement d’agents étrangers et une application plus rigoureuse des lois antitabac dans les espaces publics des casinos.

Mené par leurs dirigeants syndicaux, les manifestants ont pris d’assaut le Cotai, terminant leur course au bureau du Chef Exécutif de ce territoire autonome chinois, Fernando Chui. Une manifestation qui, même si elle a pris une ampleur exceptionnelle, n’est toutefois pas la première du genre. Au cours des 9 derniers mois, Macao a en effet déjà été le théâtre de 6 autres mouvements du même type, qui ne sont pas vraiment de nature à contenter les propriétaires des actuels plus grands casinos de la planète.

Riche territoire et pauvres habitants

Pour rappel, c’est l’ouverture sur l’extérieure opérée par la Chine dès 1999 qui a permis à de grands opérateurs internationaux de s’installer à Macao. En quelques années, les profits et la topographie de la ville ont grandement changé. Le Lisboa Casino, ancienne gloire des lieux, a ainsi vite été supplanté par les gigantesques constructions du Venetian Macao, du Wynn Macao ou encore du MGM Grand Macao. Drainant avec eux un monde fou, les magnats américains ont très vite fait de Macao, la nouvelle destination par excellence du jeu, avec des résultats financiers renversants : des bénéfices sept fois plus importants que ceux de Vegas dès 2012 et plus de 29 millions de visiteurs pour 2013. Indispensable pour la vie économique de cette région autonome, l’activité des casinos représente ainsi aujourd’hui 87 % du PIB local.

Cependant, si les affaires se portent bien et que les investissements publics se multiplient, le tissu social macanéen a quant à lui subi les affres de l’exacerbation des inégalités. Et pour cause, tandis que les propriétaires et officiels profitent de ces années de vache grasse, le coût de la vie a considérablement augmenté, contrairement aux salaires des employés. Ce n’est donc pas d’une simple question d’augmentation des prétentions salariales, mais carrément d’une véritable question de survie qu’il est question pour les croupiers.

Il faut par ailleurs dire que ces revendications interviennent dans un contexte un peu particulier, alors même que les grands casinotiers subissent un revers important lié à la vaste campagne anticorruption menée par les autorités de Pékin. Les grincements de dents se font déjà entendre et les 3,7 % de baisse de profits enregistrés en juillet ne sont pas vraiment de nature à laisser entrevoir des lendemains reluisants pour Macao.