Casino legal en SuisseAlors que la France et la Belgique font face depuis quelques années à une crise sans précédent qui met à mal leur secteur local des jeux d’argent, la Suisse aborde de son côté le problème sous un nouvel angle et prépare une réforme quasi complète de son industrie actuelle. Mais sera-ce suffisant pour faire face aux défis actuels ?

Une réforme complète pour sauver le secteur

Actuellement en cours d’étude par l’Office fédéral de la justice helvétique, le projet portant révision de la loi sur les jeux d’argent et de hasard en Suisse prévoit une réforme profonde du secteur. Allant à contre-courant des dispositions qui régissent actuellement l’activité sur le territoire helvétique, le document propose en effet de limiter l’accès au marché en ligne suisse exclusivement à des opérateurs installés physiquement sur le marché local. Ce qui sous-entend, bien évidemment, l’octroi de licences d’exploitations à ces opérateurs qui n’avaient pas jusque-là l’autorisation d’opérer légalement en ligne. À ce niveau, la réforme en cours d’étude prévoit l’octroi des licences directement par les Cantons, et non pas par l’organisme de régulation qui sera créé, la Online Gambling Association Switzerland, dont le rôle se limitera à une coordination des actions entre les Cantons et l’exécutif. L’autre conséquence directe d’une telle disposition sera la restriction de l’accès aux sites étrangers qui sont pour le moment, les seuls espaces de jeux virtuels accessibles aux joueurs suisses.

Bien qu’elles puissent paraître très discutables au prime abord, de telles dispositions s’avèrent quasiment indispensables pour arrêter, ou tout du moins, ralentir la véritable saignée constatée sur les Chiffres d’Affaires réalisés par les casinos terrestres suisses au cours des derniers exercices. Selon les chiffres de la Fédération suisse des casinos, les pertes subies sont en effet énormes, sans compter le gros manque à gagner fiscal lié à la sortie de tous ces capitaux du pays.

De bonnes nouvelles pour les joueurs suisses

Si cette nouvelle législation est effectivement retenue, les joueurs suisses pourraient bien être les principaux gagnants. En effet, une telle régulation permettrait de faciliter la lutte contre les fraudes et les différents dangers liés aux jeux de hasard en ligne : blanchiment d’argent, addiction, jeu des mineurs, etc. De plus, une offre limitée à des acteurs opérant physiquement en local, et donc bien connus, offrirait aux joueurs, des garanties supplémentaires en termes de sécurité de leurs fonds. Mais cela à condition, bien sûr, que les établissements terrestres qui obtiendront une licence ne la fassent pas exploiter par de grands groupes étrangers comme c’est le cas en Belgique. Enfin, l’un des avantages majeurs annoncés avec cette régulation est la défiscalisation des gains réalisés par les joueurs suisses. Ce qui sera sans doute beaucoup du goût de ces derniers, mais aussi de celui de nombreux autres gros joueurs européens qui n’hésiteront alors sans doute pas à poser leurs valises en terre helvétique.

Mais attention !

Restreindre l’accès aux sites extérieurs peut vite conduire à une mort précoce du marché suisse qui serait alors tué dans l’œuf en raison de sa trop petite taille. L’expérience du marché français, sur lequel de nombreuses restrictions ont été imposées aux acteurs majeurs, est édifiante à ce sujet. Avec sa petite taille, le marché suisse risquerait donc bien de devenir insignifiant.

Mais pour l’instant, rien n’est encore voté. Il faut encore attendre mars prochain pour que l’Office fédéral de la justice helvétique se prononce.