EspaceJeux de Loto QuebecDepuis le 22 juin de cette année, les 4500 membres du personnel de Loto-Québec ont l’autorisation de miser en ligne. Si jusque-là ce droit leur avait été refusé,  une note de  service  de la Société des casinos adressée aux membres de son personnel  les autorise désormais à parier sur le site internet de Loto-Québec. Ainsi, à la grande surprise des employés  qui n’en ont d’ailleurs jamais fait une revendication syndicale, le site de pari en ligne Espacejeux leur est à présent accessible.  Toutefois, l’interdiction de parier dans les salles de jeux terrestres demeure d’actualité. Quoi qu’il en soit, cette innovation et les raisons qui la sous-tendent suscitent encore un certain débat.

Pour la Société des casinos, une injustice devait être réparée

En dépit des remous suscités par la décision de la Société des casinos, celle-ci soulève toutefois un point important ayant motivé sa décision. Les autres employés de Loto-Québec à l’exception du personnel des casinos étant autorisés à miser sur Espacejeux, il était nécessaire de rééquilibrer les choses.  En effet, la loi interdit  uniquement au personnel des casinos de parier auprès des établissements physiques. En tant que site de jeux en ligne, Espacejeux ne tombait donc pas sous le joug de la loi. Pour Loto-Québec, cette décision permettait donc de trouver un compromis entre les intérêts particuliers des employés et les obligations professionnelles qui s’imposent à eux.

De plus, la gestion du site internet ne nécessitant pas l’intervention des employés des casinos, leur permettre de jouer ne devrait normalement poser aucun problème d’éthique. A contrario, toutes les personnes qui interviennent étroitement dans la gestion d’Espacejeux restent privées du droit de parier en ligne.

L’interdiction des paris en ligne maintenue en Ontario

En Ontario, l’accès aux jeux en ligne pour les employés de casino, même terrestres, reste inenvisageable. Clairement opposée à la décision des dirigeants de Loto-Québec, l’instance faîtière du jeu de casino en Ontario ne semble en effet pas prête à transiger. Pour ses membres, c’est une question d’éthique et de transparence. Il s’agit de préserver une totale transparence dans la gestion des paris et d’éviter toute implication personnelle pouvant compromettre ces derniers. L’impartialité et la probité des travailleurs ne doivent donc en aucun cas pouvoir être remises en question afin de maintenir la confiance des joueurs.

Opposition entre  intérêts particuliers et professionnels

Pour Michel Séguin, expert en gestion de l’éthique, la décision de Loto-Québec pourrait nuire à la fiabilité de ses casinos. Pour lui, la grande question consiste en effet à savoir quelles seraient les réactions du public si un employé de la maison venait à décrocher un gros lot. Même si, en toute hypothèse, le casino parvenait à mettre tous ses joueurs (employés ou non) sur un même pied d’égalité, la sensibilité liée au domaine du jeu demanderait qu’on aborde cette pratique avec une extrême prudence. Les joueurs pourraient en effet voir en cette pratique un conflit d’intérêt qui susciterait une méfiance de leur part.

Mais cela sera-t-il suffisant pour remettre en cause légalement la décision de Loto-Québec ? Les prochains mois nous le diront.