Croupier de blackjack du Casino de Royat devant la justiceC’est une affaire assez atypique que les membres du tribunal de Clermont-Ferrand ont jugé ce lundi 6 mai. Elle concerne un ex-croupier du casino de Royat (Puy-de-Dôme) qui, par amour pour l’un des gros parieurs de l’établissement, avait trouvé le moyen de tricher afin de faire gagner ce dernier. Le croupier et le joueur ont tous les deux été condamnés par le tribunal.

Par amour pour un joueur

Garant de l’équité et du bon déroulement des parties sur la table de black jack qu’il gère, un croupier se doit d’observer strictement les règles des jeux. Cela implique, bien entendu, une totale impartialité. Toutefois, ces bases qui régissent la profession volent malheureusement parfois en éclats. Nombreux sont en effet les cas où le croupier se laisse séduire par l’appât du gain et viole ces règles en s’associant, en général à un ou plusieurs filous. Mais le cas présent est bien plus subtil et plus rare. En effet, ce n’est visiblement pas la perspective d’un gain facile qui aurait eu raison de la profession de foi de cet ex croupier du casino de Royat, mais plutôt l’amour.

Alors âgé de 26 ans, le jeune homme serait tombé littéralement fou amoureux de l’un des principaux gros joueur de blackjack de l’établissement. Cette passion incontrôlée l’aurait ensuite conduit à tricher pour permettre au dit joueur de gagner de l’argent sur des parties où il était pourtant perdant. Une histoire digne d’un vrai petit drame qui finit malheureusement mal pour le croupier. Repéré par le système de vidéo surveillance du casino après une bonne dizaine de petites fraudes savamment orchestrées, le jeune homme amoureux a fini devant les tribunaux.

Tout ça pour seulement 745 € !

Là où cette histoire est encore plus invraisemblable, c’est que les petits « jeux de mains » du croupier ne lui ont permis d’ « offrir » que la petite somme de 745 € à l’objet de son amour. Une somme dérisoire au vu des milliers d’euros que dépensait chaque semaine, le joueur concerné. Il faut en effet dire que ce dernier était un joueur très régulier de l’établissement à l’époque des faits. Selon les dires de la procureur de la République, Florence Leroux-Ghristi, il pouvait en effet parier des sommes très élevées, approchant les 10 000 € par semaine. Pour la seule période du mois de mai 2017, il s’était d’ailleurs vu délester de la somme de 77 000 € en jouant sur les tables de black jack du casino de Royat.

Travail d’intérêt général et amende

A l’audience de ce lundi 6 mai, le jeune ex croupier était présent. Après avoir reconnu d’emblée les faits qui lui sont reprochés, il a livré sa version des faits, parlant de la « grave faute professionnelle » qui lui a déjà coûté son emploi dans l’établissement, mais aussi toute sa carrière ; sa licence de croupier lui ayant été retirée. Soutenu par son avocat, il a demandé la clémence du tribunal. Quant au joueur pour lequel il a fait tout cela, ce dernier ne s’est pas présenté malgré la convocation du tribunal. Son avocat a affirmé à la cour qu’il n’avait, à aucun moment, encouragé le principal mis en cause dans ses actes.

Au terme de l’audience, le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand a condamné l’ex croupier à 70 heures de travail d’intérêt général qui devront être effectuées dans un délai maximum de 18 mois. Le joueur a, pour sa part, été condamné à une amende de 1 500 €. Les deux mis en cause sont par ailleurs condamnés solidairement à payer au casino de Royat, les 745 € objets de la tricherie.